BAS-RELIEF SUR BOIS DE L'ÉGLISE ABBATIALE DE BRANTOME
MASSACRE DES INNOCENTS, D'APRÈS RAPHAËL
(non reproduit ici — note C.R.)
Le prestige du nouveau patron s'affirma par un événement important, l'oblation faite à ses reliques par le sire de Bourdeille de tout ou partie de la seigneurie de ce nom. Et comme ces reliques, transférées à Brantôme, étaient sous la garde des religieux du couvent, cet acte de foi et hommage mit la terre de Bourdeille dans la mouvance féodale de l'abbé de Brantôme. Les causes et les conséquences de cet acte sont intéressantes à étudier et à suivre. Elles éclairent d'un jour précieux l'histoire de la célèbre abbaye. Cette lumière ne me paraît pas indigne d'être même utilisée par l'histoire générale du moyen âge, au point de vue des mœurs féodales, et spécialement de l'influence séculaire des reliques. Je me garde, bien entendu, de m'occuper de leur influence purement spirituelle, n'ayant pas à m'immiscer ici dans les choses de la foi
La tradition ou la légende, qui simplifie tout, en était arrivée, au bout de plusieurs siècles, à confondre dans le même événement la translation des cendres de saint Sicaire dans l'abbaye de Brantôme et la fondation de cette abbaye par Charlemagne. C'est par le même procédé de simplification que nombre de chansons de geste font jouer un rôle à Charlemagne dans des épisodes dont la date ne s'accorde guère avec celles de son glorieux règne. Le prestige des reliques du saint innocent devait naturellement s'accroître du prestige d'un tel introducteur. Aussi ne doit-on pas s'étonner que les gardiens de la précieuse dépouille aient épousé et propagé la légende dont l'authenticité sans doute ne leur paraissait pas douteuse. Nous en avons un bien remarquable témoignage dans ces deux bas-reliefs, disposés en deux panneaux rectangulaires à pans coupés, derrière le maître-autel de l'église abbatiale et représentant, l'un, le Massacre des Innocents, l'autre, la Remise solennelle des reliques à l'abbé de Brantôme par le grand empereur d'Occident.
La reproduction photographique de ces deux panneaux, due à l'obligeant et habile concours d'un amateur brantômais, M. Dubarry, me dispense d'une description détaillée.