Le - 03 - 2013
La légende des mésanges
Il y a bien longtemps, ils étaient trois petits oiseaux perchés sur une branche, trois petits oiseaux tout gris, et qui n'avaient pas de nom...
Ils avaient froid, il avaient faim ils avaient peur. Une mauvaise pluie les pénétrait.
Depuis des semaines, la neige recouvrait la terre et les pauvres petits ne trouvaient rien à picorer.
Le loup avait faim lui aussi, il aurait bien croqué les trois oiseaux qui, heureusement, s'étaient mis hors de portée en se perchant haut dans les branches.
Mais les rapaces, faucons, éperviers, hiboux, étaient bien plus dangereux... Il était difficile aux trois petits malheureux de leur échapper car le froid et l'eau avaient rendu moins souples leurs ailes... Il fallait trouver très vite un toit pour se mettre à l'abri.
Au loin, ils virent une étable. Ils volèrent à tire d'ailes vers ce refuge providentiel, y pénétrèrent et le souffle court, se perchèrent sur une grosse poutre.
Au-dessous dormait un boeuf. La chaleur qu'il dégageait ranima les oiseaux. Bientôt ils se mirent à caqueter.
- on ne peut donc dormir tranquille ? mugit le boeuf.
Tout penauds, les petits oiseaux se turent.
Peu après, dans la nuit tombante, ils virent entrer un âne suivi d'un homme et d'une belle Dame. Ils entendirent dans la conversation qu'ils s'appelaient Marie et Joseph. L'homme déchargea l'âne et le poussa vers le boeuf. L'âne avait froid, il se blottit contre le boeuf qui grogna encore :
- on ne peut donc pas dormir tranquille !
Les petits oiseaux ne s'occupèrent ni de l'homme, ni de la femme, et s'endormirent, bien serrés l'un contre l'autre...
Soudain, au milieu de la nuit, ils furent réveillés par une lumière extraordinaire, bien plus brillante que celle du soleil, mais qui pourtant n'éblouissait pas.
Même l'âne et le boeuf - qui ne grogna pas - ne s'en privaient pas. Ils s'étaient levés auusitôt, et se tenaient cois.
Les trois oiseaux ouvraient tout grand leurs yeux et leur bec aussi...
Cela dura un certain temps, puis la lumière décrut petit à petit: tout retomba dans le noire, sauf une lueur douce et merveilleusement belle qui venait de la mangeoire.
L'âne et le boeuf, curieux s'en approchèrent pour voir... Et ils virent...
Les petits oiseaux n'osaient pas bouger: avait-il là un piège pour les attraper ? La curiosité les démangeait.
Le plus courageux, ou peut-être le plus curieux, s'élança : il vit... et ne bougea plus.
Les deux autres n'y tinrent plus, ils s'envolèrent et se posèrent à côté du premier sur le bord de la mangeoire :que virent-ils donc qui surprenait déjà l'âne et le boeuf ?
Dans la mangeoire dormait un joli petit enfant, auréolé de lumière...
Tous regardaient et contemplaient. C'était très rare et très beau, mais leur pauvre cervelle d'animaux ne pouvaient pas comprendre !
A genoux devant la mangeoire, Marie et Joseph riaient. Alors d'élevèrent dans le ciel des chants mélodieux, bien plus beaux que le plus beau chant des oiseaux. Une mélodie que seule les Anges pouvaient chanter.
Un peu plus tard les bergers arrièrent, tout essouflés. Remplis de joie, ils se prosternèrent devant l'Enfant. L'âne et le boeuf ne bougeaient pas et continuaient à contempler le Tout-Petit.
Mais les petits oiseaux, effrayés par tout ce monde, s'envolèrent pour se percher sur leur poutre d'où ils pouvaient tout regarder.
Les bergers s'en retournèrent et les chants célestes s'arrêtèrent. Les oiseaux sautèrent aussitôt sur le bord de la mangeoire et ne bougèrent plus de toute la nuit.
Quand vint le matin, la belle Dame se réveilla et voulut prendre son bébé. Toute désolée, elle vit que de vilaines mouches tourbillonnaient au-dessus de l'Enfant. De la main, elle essaya de les chasser, mais les trois oiseaux virent bien qu'elle n'y arriverait pas. Ils se regardèrent et se dirent l'un à l'autre :
- Allons-y, c'est à nous de faire celà !
Ils se mirent alors à voltiger, à tournoyer, à virevolter au-dessus de la mangeoire, chassant loin les insectes indésirables, dont certain d'ailleurs leur servirent de repas...
Leur manège dura tout le jour et aussi les jours suivants dès que les mouchent revenaient ! Un matin, Marie leur dit :
- nous allons partir, petits amis. Vous avez été très gentils pour mon fils. Aussi je vais vous récompenser... Regardez-vous.
Les petits oiseaux se regardèrent. Ils étaient magnifiquement transformés : ils avaient la tête blanche avec une calotte bleu ciel foncé, les ailes et la queue du même bleu, avec un ventre jaune vif, comme la lumière...
La belle Dame leur expliqua :
- le bleu, c'est ma couleur, le jaune rappellera la lumière de la nuit de la naissance de mon Fils car c'es lui la Lumière du monde... Maintenant vous serez comme "mes anges", vous volerez partout et vous porterez mon bonheur là où vous serez...
Eh bien, savez-vous, c'est depuis de temps qu'on appelle ces oiseaux des "mésanges" bleues, et l'on dit partout qu'elles portent bonheur...
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